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Mains d'avenir — La voie de Adèle, maquettiste en bijouterie fantaisie chez Desrues

19.08.2025 Artisan
Portrait de Adèle - Maquettiste bijoux chez Desrues
© le19M x Alix Marnat

En plusieurs portraits et autant d’histoires, la série « Mains d’avenir, la voie des artisans » donne à voir les trajectoires, passions et réflexions de celles et ceux qui « font » l’artisanat français.

Aujourd’hui, place à Adèle, maquettiste pour Desrues, parurier d’exception depuis 1929. 

Il suffit de prononcer le mot « étain » pour que les yeux d’Adèle se mettent à sourire. « On le travaille un peu comme de la cire : on peut le sculpter, le refondre. J’aime cette approche malléable du métal », explique-t-elle.

Après un baccalauréat, puis un CAP en bijouterie-joaillerie, elle se dirige vers le bijou de mode : « J’ai intégré la Maison d’art Desrues en tant qu’alternante pendant deux ans et j’y suis restée. Depuis 1929, Desrues fabrique les bijoux, boutons et accessoires des plus célèbres maisons de mode. Aujourd’hui, j’y suis maquettiste en bijouterie fantaisie. »  

Au quotidien, Adèle travaille exclusivement le métal. Mais elle apprécie de la bijouterie fantaisie sa large palette de matériaux, de la résine à la plume, en passant par le tissu, le bois, la laque, le strass ou encore le verre.

« Une collection fantaisie se monte en quelques semaines. C’est très rythmé, il faut donc s’adapter et être force de proposition. »

À tout juste 20 ans, fraîchement recrutée, elle participe à l’élaboration d’un thème de collection. « Nous devions réinterpréter les mots phares de la Maison CHANEL, comme ‘Mademoiselle’ ou ‘Boy’, en bijou. C’était compliqué à aborder, mais j’ai beaucoup appris », se souvient-elle.  


Un amour pour le manuel

Travail de Desrues pour CHANEL
© le19M x Paul Lehr

En choisissant de faire carrière dans les Métiers d’art, Adèle n’a jamais eu peur de manier les machines et outils — aussi bien mécaniques que traditionnels.

« Mon préféré ? Probablement le micromoteur. C’est la version bijou de la fraise du dentiste, explique-t-elle le sourire aux lèvres. Avec, je peux sculpter en choisissant le bon embout. Mais il y a aussi les outils plus ancestraux, comme l’échoppe, le burin ou encore le chalumeau, que j’adore utiliser pour les soudures. »

Sa créativité, Adèle la met également au service de projets plus personnels : « La bijouterie est un métier, tandis que je considère le reste comme des loisirs. J’aime tout ce qui est manuel et je m’essaye régulièrement à de nouvelles pratiques. Récemment, j’ai découvert le cyanotype, une technique d’impression singulière et intrigante pour la photographe amatrice que je suis ! » 


Transmettre un savoir-faire

Si elle aime parler de son métier aux curieux et curieuses, Adèle a parfois du mal à faire comprendre sa passion :

« Lorsque nous recevons des stagiaires de troisième à l’atelier, je ne trouve pas toujours les mots justes. Mais c’est un défi intéressant que de chercher une accroche qui permette de les captiver. »

Elle affectionne tout particulièrement les moments d'échanges comme Mains d'avenir, le salon des Métiers d’art du 19M. « Voir toutes ces personnes s’émerveiller devant nos créations, cela fait prendre du recul : oui, nous créons du beau », assume-t-elle.

Consciente que l’atelier dans lequel elle travaille détient un savoir-faire centenaire qu’il faut préserver, Adèle apprend chaque jour aux côtés de ses confrères et consœurs.  


Bien plus qu’un métier

Entre deux maquettes, Adèle se laisse rêver : « J’aimerais faire des bijoux pour le cinéma et le théâtre. Depuis petite, j’aime l’art du costume, les textures des déguisements et la complexité des personnages. C’est tout un univers que l’on peut facilement rattacher à celui de la bijouterie. »

En attendant, la jeune femme confectionne régulièrement de petits objets pour elle, comme la barrette dorée en étoile de mer qu’elle a accrochée dans son carré. De petits plaisirs personnels qui lui permettent de rester passionnée sans jamais se lasser. 


C’est un vrai travail d’équipe. Nous apprenons des uns et des autres, de nos parcours différents, de nos regards singuliers.

Adèle, maquettiste en bijouterie fantaisie chez Desrues