
Mains d'avenir — La voie de Florence, modiste chez Maison Michel

En plusieurs portraits et autant d’histoires, la série « Mains d’avenir, la voie des artisans » donne à voir les trajectoires, passions et réflexions de celles et ceux qui « font » l’artisanat français. Aujourd’hui, direction l’atelier de Maison Michel afin d’échanger avec Florence, modiste pour le chapelier établi en 1936.
Pour Florence, le chemin n’était pas écrit d’avance. « À la sortie de troisième, je savais que je voulais travailler dans la mode. Mais je ne savais pas encore exactement dans quel domaine. »
C’est finalement sa mère qui mettra un nom sur son futur métier : modiste. Un choix presque génétique, puisque c’est celui qu’avait déjà fait son arrière-grand-mère. « On peut dire que ça coulait de source. »
Après sa formation au lycée Fortuny, dans le 17e arrondissement de Paris — l’un des rares établissements à proposer alors une section modiste — Florence rejoint directement Maison Michel, référence mondiale de la chapellerie et aujourd’hui Maison d’art résidente du 19M. En près de trois décennies, elle n’a jamais quitté l’atelier. « Je suis arrivée chez Maison Michel il y a 34 ans. Je n’ai jamais quitté l’atelier depuis. »
Son tout premier souvenir professionnel reste gravé : son premier chapeau, réalisé pour Christian Lacroix. « J’étais fan et je suis toujours fan de Christian Lacroix… C’était une chance inouïe de commencer par ce projet-là », raconte-t-elle.
Le modèle ? Un chapeau brun à motif de losange fleuri. « Je n’oublierai jamais ce moment. »
Une vocation cousue main

Chaque jour, Florence travaille des matières précieuses et exigeantes, sur des formes en bois : « Mes mains sont mon premier outil de travail. Après, bien sûr, il y a les ciseaux, les aiguilles, la machine à coudre… ». Le cuir reste pourtant sa matière de prédilection. « On utilise des cuirs très souples, comme l’agneau plongé. J’aime cette matière parce qu’elle permet de faire beaucoup de choses : on peut la draper, la tendre, la sculpter presque. Mais c’est une matière fragile, un trou ou une griffure ne pardonne pas », précise-t-elle.
Le métier de modiste se décline en plusieurs techniques. Il peut s’agir du tendu de tissu sur formes, ou, inversement, de la coupe et de la couture (pour la création de chapeaux souples ou structurés à partir de tissu), de la réalisation de turbans ou d’accessoires de tête.
“Patience et observation sont les deux qualités essentielles du métier, avec la minutie.”
L'avenir d'un métier rare
Dans un monde où le chapeau n’est plus un accessoire indispensable, Florence se pose naturellement la question de l’avenir de son métier : « Une paire de chaussures, on ne peut pas s’en passer. Un sac à main non plus. Mais un chapeau, oui. » Pourtant, elle garde espoir et observe avec attention l’évolution des usages :
« Heureusement, il y a d’autres types de couvre-chefs qui parlent aux jeunes générations, comme la casquette. Il n’y a pas que le canotier ! »
Pour elle, le défi est aussi de rendre ce métier plus attractif, notamment auprès de la jeune génération : « J’espère qu’à l’avenir, il y aura encore des modistes. C’est quand même l’un des plus vieux métiers du monde. » Un savoir-faire qu’elle s’applique déjà à transmettre, comme on le lui a transmis à ses débuts. Florence s’est donc formée à l’école, mais surtout en atelier, auprès d’experts et expertes du domaine.
Plus qu’un métier, la confection de chapeaux est un patrimoine vivant. Dans l’atelier de Maison Michel, Florence perpétue chaque jour ces gestes qui résistent au temps — entre couture et drapés minutieux. Une manière de faire vivre, chapeau sur la tête ou casquette vissée sur les oreilles, un art discret, mais essentiel.
“Les gestes de modiste, c’est la première d’atelier qui me les a transmis chez Maison Michel. J’avais eu d’excellents professeurs avant, mais si l’on parle vraiment de gestes, c’est à elle que je dois le plus. ”
Florence, modiste chez Maison Michel